Suisse
Les Bauges comptent au total 14 sommets, tous situés à plus de 2 000 mètres d'altitude et au relief très technique.
Plusieurs groupes d'amis ou d'individus ont effectué le parcours à pied. En 2010, quatre soldats alpins savoyards ont mis 23h47, tandis que le plus grand nom de l'Ultra Trail Running et actuel détenteur du record, François D'Haene, l'a bouclé en 18h21 en 2018. La traversée mesure 82km pour environ 8800m de dénivelé positif. Aurélien Dunand-Pallaz n'avait qu'un seul objectif : boucler le parcours en moins de 18 heures et inscrire son nom dans les livres d'histoire des 14 sommets du massif des Bauges.
Parti à 2h30 du matin le samedi 27 juin, Aurélien a choisi de faire le circuit dans le sens inverse du recordman D'Haene. Son objectif était de terminer la traversée en moins de 17 heures. Mais ce qu'il a finalement conquis, c'est quelque chose qu'il n'attendait vraiment pas..... Il a atteint l'arrivée en 14 heures et 26 minutes, battant le record de près de 4 heures.
J'ai grandi dans le petit village de Marthod, à l'extrémité du Massif des Bauges et au pied de la Dent de Cons. Cette montagne est celle que j'ai gravie de nombreuses fois car c'est ici que j'ai découvert ma passion pour la marche en montagne et plus généralement pour le Trail running. Depuis 2012, je me suis beaucoup entraîné dans ce massif et j'ai enfin découvert tous ses sommets. L'idée d'atteindre tous ces sommets en une journée me trottait dans la tête depuis un moment et ma trace GPS était prête depuis quelques années. Il ne restait plus qu'à trouver le bon moment...
Il a étudié l'itinéraire avec soin afin de prendre le moins de temps possible tout en suivant des chemins et des passages qu'il connaissait bien.
Le terrain est très alpin, souvent technique et parfois un peu risqué sur les bords. Mais sa connaissance du terrain et sa préparation lui ont permis d'évoluer en toute sécurité sur l'ensemble de la traversée tout en profitant des paysages, de sa faune et de sa flore.
Dès le départ, je me suis senti très bien. J'en ai donc profité pour garder un bon rythme, que ce soit en montée ou en descente. La première grande descente de nuit est très raide, technique et demande beaucoup de concentration, je reste donc très vigilant. Au lever du jour, j'ai toujours progressé rapidement et j'en ai profité pour m'amuser sur les parties techniques, dans les rochers ou sur les arêtes. En milieu de matinée, le vent s'est levé et il y avait pas mal de nuages. Cela m'a été bénéfique car les températures n'étaient pas encore trop élevées. Vers midi, le soleil est apparu plus intensément et les premières chaleurs sont apparues. J'ai donc dû boire davantage mais les sensations étaient encore bonnes. Pendant les 5 dernières heures, j'ai eu très mal aux pieds dans les descentes. En effet, l'enchaînement pieds mouillés en début de journée et chaleur extrême l'après-midi a abîmé la peau de mes pieds. Dans la dernière grande montée, de 1500mD+, j'ai eu un point très bas pour 10 '.... J'ai dû m'arrêter quelques instants dans une section très raide pour faire le plein d'énergie. Mais ensuite les sensations sont revenues progressivement. A part ce moment, la journée s'est très bien passée....
La deuxième partie de sa saison 2018 de trail running a été écourtée par des douleurs au pied et toute l'année 2019 a été complètement gâchée par une fracture de stress. En effet, cela faisait depuis avril 2018 qu'il n'avait pas couru plus de 8 heures d'affilée.
J'étais confiant pour cette traversée car ma préparation était bonne mais il restait un petit doute sur ma capacité à tenir la distance et à résister à la douleur des efforts très longs. Je peux maintenant me réjouir de voir que tout s'est bien passé.
De plus, lors de son récent internement, il n'a pas mis les chaussures de course pendant 4 semaines et demie. Il s'est entraîné exclusivement sur le vélo d'appartement, avant de reprendre progressivement la course à pied.
Une fois les muscles de mes jambes réhabitués aux contraintes, j'ai pu augmenter la distance de mes entraînements. J'en ai également profité pour reconnaître, une fois de plus, certaines parties de ma traversée à bien préparer.
De plus, il n'était pas seul dans sa tentative, avec un soutien énorme durant cette journée !
Tout d'abord, ma famille et mes proches qui étaient présents au départ, à 2h30 du matin. Ensuite à chaque ravitaillement, où tout était prêt pour que je perde le moins de temps possible. Il n'y avait pas moins de 25 personnes à chaque point ! J'ai ensuite bénéficié de l'aide et du rythme de plusieurs amis sur le chemin. Ils étaient 4 à 5, se relayant dès le lever du jour. Lors de la dernière montée, j'ai eu la bonne surprise de voir une douzaine de personnes de ma belle-famille m'attendre au sommet. De plus, le personnel de Compressport était présent du début à la fin sur les différents sommets pour célébrer cette traversée. A l'arrivée, c'était très spécial, nous étions une cinquantaine à boire un verre, à discuter et à finir la journée ensemble.
Mais ce n'est pas tout pour le Français qui commence à peine sa saison. Dans 2 semaines, il prévoit de partir en vacances en Corse où il en profitera pour faire le GR20 en 4 jours.
Début août, normalement, si les sensations et la récupération se sont bien passées, il participera à 1 ou 2 courses près de chez lui avec le Trail de Méribel. En octobre, il prévoit de participer à la Diagonale des Fous mais avant cela il a un (très) gros challenge qui l'attend début septembre. Il compte s'attaquer au record de dénivelé positif en 24 heures (le record actuel est de 17 000mD+). Ce défi se déroulera dans sa commune d'adoption, le Marthod. Quels ont été les produits les plus importants pour la traversée d'Aurélien ? Il explique que 3 produits ont été déterminants :
Tout d'abord le sac Ultrun, pour sa légèreté, sa stabilité et sa capacité de charge. Ensuite, les bonnets. Au lever du jour, j'ai d'abord porté une visière Ultralight pour sa légèreté et pour faire face aux percées du soleil. Dès le début de l'après-midi, j'ai opté pour une casquette pour faire face à la chaleur. Enfin, j'ai utilisé des manchons Oxygen pour leur maintien, leur légèreté et leur respirabilité.
Voir l'itinéraire complet de la STRAVA ici.
Photos : @justingalant
